La question de l’éducation sexuelle est toujours un peu taboue. Doit-elle s’effectuer dans le cadre privé ? L’école est-elle le bon endroit pour en parler ? Dans de nombreux pays, l’éducation sexuelle est intégrée, assez tôt, aux programmes scolaires. Les élèves, qu’ils soient collégiens ou lycéens, sont ainsi au fait des risques et des protections à prendre. Madagascar, à son tour, implémente cette éducation sexuelle dans ses lycées.

Les programmes scolaires intègrent l’éducation sexuelle

C’est un projet qui est en réflexion depuis 2018. D’abord testé dans une centaine de lycées pilotes, dans l’ensemble de la Grande Île, le programme d’éducation sexuelle va maintenant être implémenté partout. Dans l’idée : former les jeunes qui deviendront, pour certains, enseignants normaliens. Ce Curriculum de l’éducation sexuelle se divise en deux pans. L’un est prévu pour les lycéens, afin qu’ils aient du matériel à consulter pour comprendre l’importance d’une protection sexuelle. L’autre se planifie pour les enseignants.

Ces derniers, en effet, doivent être tout autant informés et équipés pour partager les bonnes informations. Ils ont d’ailleurs réclamé des formations plus poussées, suite à la phase de test du curriculum, afin de pouvoir apporter un enseignement concret. L’éducation sexuelle se décline en plusieurs thématiques afin de proposer un panel complet d’informations aux lycéens. Ces adolescents, arrivés à un âge où beaucoup passent à l’acte, doivent posséder les données nécessaires pour le faire en toute sécurité.

Les enseignants évoqueront ainsi les aspects théoriques, notamment pour éviter les grossesses ou les maladies. Ils se doivent aussi d’informer les jeunes qui sont actifs sexuellement d’avoir les protections nécessaires, comme des préservatifs. De nombreuses boutiques érotiques, telles que sinful, permettent après tout de s’offrir des produits sexuels en toute discrétion.

Madagascar en difficulté face aux grossesses précoces

L’importance d’intégrer cette éducation sexuelle aux cursus malgaches vient avant tout d’un besoin capital d’information au sein de l’île. L’éducation sexuelle dans le cadre familial reste un sujet fort tabou. Cette absence de discussion laisse de nombreux adolescents sans connaissance. Pourtant, l’âge médian pour les premiers rapports sexuels est à moins de 15 ans. L’âge légal du mariage malgache, lui, est à 18 ans.

Cette situation devient assez risquée pour les adolescentes, à qui la prescription hormonale est interdite. Nombreuses de ces jeunes filles, mal informées et mal protégées, tombent ainsi enceintes adolescentes. Ces grossesses précoces pèsent sur le pays. Selon une enquête nationale, il n’y aurait plus que 3 adolescentes sur 10 qui accèdent à des études secondaires.

Souvent, ces jeunes femmes se partagent les informations qu’elles ont. Seulement, elles n’ont aucun moyen de savoir, concrètement, si les notions qu’elles possèdent sont fondées. Nombreuses jeunes filles se voient ainsi privées d’opportunité. Pour la société malgache, c’est aussi perdre une partie de sa population. En éduquant davantage les adolescents, ces jeunes filles auraient plus d’occasions à leur portée pour dynamiser le pays, son économie et participer à son essor.

L’éducation sexuelle contre les problèmes de société

Le manque d’éducation sexuelle, en prime, pose des soucis importants au niveau de la violence et des agressions. Lorsque le gouvernement dépose son intention de projet d’éducation sexuelle, ce sont les principaux éléments qu’il met en avant. S’assurer de partager l’information et intégrer dès l’adolescence une notion de respect et de sécurité sexuelle dans l’esprit malgache ne peut, alors, qu’aider à résoudre de nombreux problèmes actuels.

Si les grossesses adolescentes font partie des situations urgentes que les malgaches souhaitent gérer, c’est avant tout pour donner plus d’opportunités à ces jeunes filles. Ce programme d’éducation sexuelle a été mis au point afin de répondre, d’une certaine façon, aux visions de l’ONU pour les jeunes. Madagascar cherche à leur apporter un monde où leurs droits sont promus et où ils peuvent vivre sans violence ni discrimination.

Lorsque le projet de curriculum d’éducation sexuelle est proposé par le gouvernement, c’est surtout un appel à redéfinir et encourager les valeurs citoyennes. L’enquête nationale fait des constats durs sur la réalité du pays, où la sexualité est source de multiples problèmes. Une jeunesse mal informée mène à plus de risques d’abus, de viols, de violences dans les établissements. Cela peut, aussi, entraîner des incompréhensions familiales, des fugues ou des risques liés aux infections sexuellement transmissibles, comme le VIH.

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